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Guillaume, toi ce génie qui a quitté sa lampe


Je partage ici la lettre que j'ai lue à la cérémonie d’au-revoir à mon frère, le 27 janvier 2021, en l’église de Mesquer, notre pays d’enfance, près de la mer et des bateaux qu'il aimait tant.


Guillaume, tu étais un arc en ciel.

Tu étais lumineux.

Tu es redevenu Lumière.

Arc en ciel. Diffraction de la lumière. Non pas en 7, mais en des milliards de couleurs.

Comme chaque être humain, tu avais ta couleur, si singulière.

Que serait la Lumière s’il lui manquait une seule de ses couleurs ?


« Loin de me léser, frère, ta différence m’enrichit » disait Saint-Exupéry.


Quel intérêt aurait le monde, si tout était blanc ? Si tout était bleu ?

Et si c’était la diversité de nos couleurs individuelles qui en rendait la beauté unique ?

Et si c’était l’alliance de toutes ces couleurs uniques qui créaient l’unité, la lumière universelle, la conscience divine ?

Si nous observions les autres comme une parcelle de cette conscience universelle, peut-être aurions-nous plus d’indulgence, plus d’intérêt aussi. Et plus d’amour. Et si nous nous observions nous-même comme une partie de ce grand tout, un aspect spécifique de cette lumière universelle, peut-être nous aimerions-nous nous-même davantage, en osant notre propre singularité, notre propre différence, en osant nous affranchir de codes et de dogmes qui nous entravent parfois davantage que des handicaps !

Nous sommes peut-être tous des rayons de lumière, incarnés sur terre, venus pour rayonner l’Amour.

Guillaume, tu étais une parcelle de cette conscience divine, avec ce pixel de couleur si particulier. Tu as choisi de t’incarner sur terre, dans ce corps-carcan.


Je me suis souvent demandé pourquoi. Pour quelle raison as-tu décidé de naître en ce monde avec ces handicaps si entravants. Si lourds pour toi, et pour ta famille.

Je ne pense pas que ce soit le hasard, un vilain karma, la faute à pas de chance ou à cause de ce médecin insouciant.

Je crois que tu l’as choisi. Par amour, par générosité pour nous.

Quand je te regardais hier sur ton lit blanc parsemé de fleurs, avec ta grande barbe rousse, je croyais voir Jésus.

Tel un Christ s’incarnant pour sauver l’humanité, je suis presque sûre que tu as choisi cette vie, non pas pour toi, mais pour nous. Nous, ta famille. Nous, tes proches, tous ceux qui t’ont connu.

Ta sagesse, ton recul sur la vie, ta candeur parfois, ton humour, ta joie de vivre, ton intelligence hors des normes, étaient communicants et inspirants.

Parfois tu étais énervé. C’est parce qu’on allait trop vite. Ou à cause de tracasseries administratives.

Mais jamais, jamais tu ne jugeais les autres.

Mon Chevalier a dit à ton sujet : « voilà un être qui n’aura jamais fait de mal à personne ». En revanche, tu étais mort de rire quand quelqu’un se faisait mal ou tombait par terre.

Tu riais au éclats quand nous te disions je t’aime.

Et tu étais hilare quand nous te demandions : et toi, tu nous aimes ?


Toi mon très grand frère, toi le marin, tu as été mon phare.

Tu as été mon inspirateur.

Car vivre auprès de toi n’a pas été anodin dans ma vie. Tu as façonné ma personnalité. Tu as modélisé ma quête de comprendre le sens de la vie, surtout dans les moments où la vie semble ne pas en avoir.

Par qui tu étais, tu m’as mise sur mon juste chemin à moi, ma vocation, celle que j’ai mis du temps à découvrir, et à oser assumer.

Chercher et trouver le génie derrière le handicap, la magnificence derrière l’imperfection, la lumière dans l’ombre, l’or issu du plomb.

Tu m’as mise sur un chemin de lumière et de joie. Celui que j’aime tant partager aujourd’hui, ce voyage alchimique pour transmuter les ombres en lumière.

Tu m’as révélée à moi-même. Tu m’as montré qui j’étais.


Je regrette de ne pas avoir osé te le dire.

Je te dis aujourd’hui toute ma gratitude.

Toi mon grand inspirateur, toi ce génie désormais libéré de sa lampe, tu vas maintenant nous éclairer autrement.

Continue à nous inspirer, continue de nous aider à oser pleinement être qui nous sommes, avec nos couleurs à nous, nous qui avons nos bras et nos jambes, nous qui avons la parole fluide.

Et aide nous aussi à voir, en chacun, des parcelles uniques et magnifiques de l’amour universel.


Pour aller plus loin :

Film (gratuit) "Guillaume au pays des Merveilles", une ode poétique à la différence, un roadtrip rigolo sur la toute des roux et des roues.

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